La France va rembourser 17 milliards d’euros à Haïti ?

Safari - 11/09/2010
Image:La France va rembourser 17 milliards d'euros à Haïti ?

Collectif CRIME
Une dette odieuse

Le « Comité pour le Remboursement Immédiat des Milliards Envolés » (CRIME) avait mis en ligne, le 14 juillet dernier, un pastiche du site web du Quai d’Orsay sur lequel apparaissait la vidéo d’une fausse conférence de presse ainsi qu’un communiqué affirmant que la France comptait restituer à Haïti près de 17 milliards d’euros [Voir la vidéo ci-dessous].

En 1825, la France décide que « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse fédérale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité. Nous concédons, à ces conditions, par la présente ordonnance, aux habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement. »

Cette somme, expliquait la fausse porte-parole du Quai d’Orsay, équivalait à la somme, majorée d’intérêts de 5%, que le petit pays antillais a versée à l’ancien colonisateur en échange de son indépendance pour indemniser les esclavagistes français.

Haïti paie cher son statut de 1ère République Noire indépendante, acquis dès 1804. Le pays est contraint en 1825 d’accepter de payer 150 millions de francs-or à la France pour la reconnaissance de son existence : une « indemnité » qui constitue la première obligation financière du pays envers une puissance étrangère.

Delaborde, ancien colon de Saint-Domingue, aurait avoué, en 1833, que ces 150 millions de francs représentaient trois fois la valeur de toute la colonie (cité par Paul Farmer en 2003).

La vidéo de la fausse conférence de presse :

Cette nouvelle, qui a vite fait le tour de la planète médiatique, a été démentie par le Quai d’Orsay, les autorités française bloquant le faux site web du Ministère des affaires étrangères française (qui était à l’adresse www.diplomatiegov.fr).

Mais ce canular attirant l’attention sur la dette odieuse de l’Occident envers Haïti survit à cette tentative de censure, une nouvelle version du site ayant été mise en ligne à l’adresse : www.diplomatiegov.info.

Ce n’est pas la première fois que le remboursement de cette dette odieuse est demandée à la France. En 1825, en effet, le roi Charles X exigeait, au nom des colons français qui avaient perdu des terres, des esclaves et des revenus commerciaux après l’accession de la perle des Antilles à l’indépendance, le paiement de sommes considérables, pénalisant pendant plusieurs centaines d’années le développement de la première république noire. L’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide avait d’ailleurs déjà évoqué l’idée d’un remboursement par la France de cette dette en 2004.

Dans une Tribune publiée dans Libération adressée au président français Nicolas Sarkozy une centaine d’intellectuels et de militants politiques exigent le remboursement de ces 17 milliards d’euros versés au gouvernement français au XIX e siècle (entre 1820 et 1883). [ la Tribune & la Pétition ]

« Nous sommes consternés de constater à quel point le Quai d’Orsay s’est montré peu reconnaissant et, pour tout dire, non coopératif face à notre initiative audacieuse pour redorer le blason du gouvernement français », a déclaré ironiquement Laurence Fabre, l’une des porte-parole de ce collectif à l’origine du canular, le Comité pour le Remboursement Immédiat des Milliards Envolés.


Dans une interview accordée à La Presse (Canada), la porte parole du collectif, masquée (photo ci-contre), a déclaré que plus de 20 personnes, au Canada, aux États-Unis et en France, ont contribué à la préparation du canular depuis le mois d’avril.

Ces derniers auront eu droit à l’appui et à l’expertise des Yes Men, qui ont notamment piégé le gouvernement de Stephen Harper l’hiver dernier lors de la conférence de Copenhague sur les changement climatiques.

Ayant créé un pastiche du site d’Environnement Canada, les Yes Men avaient alors annoncé dans un communiqué de presse que le Canada comptait réduire dramatiquement ses émissions de gaz à effet de serre et verser 13 milliards aux pays en voie de développement.

+ d’infos :

Medialternative.org (Haïti)

La dette extérieure publique haïtienne : un cas typique de dette odieuse par Sophie Perchellet

Safari collabore au collectif Ad Nauseam.

« Nous n’avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n’aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n’oublierons pas. »

 11/09/2010

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