Caraïbes : Cannabis, le débat est lancé !

Bitin Caraibe - 3/04/2011
Image:Caraïbes : Cannabis, le débat est lancé !

Le chanvre : 60 ans de désinformation
Pourquoi un tel engouement pour le chanvre en Europe et aux Etats-Unis ?

Profitant de la présence en Guadeloupe du porte-parole de Cannabis Sans Frontières - Mouvement pour les Libertés et de la naissance en Guadeloupe d’une section locale de cette association-parti [1], 1.Bitin.fr lance un dossier pour (ré)ouvrir le débat sur le Cannabis dans la Caraïbe et vous inviter à réfléchir sur le puissant potentiel du chanvre :

Le cannabis [ou chanvre] est, entre autres bienfaits, largement reconnu pour dépolluer et revitaliser les sols : cette qualité ne devrait-elle pas être tout naturellement discutée dans nos îles (Guadeloupe et Martinique) aux terres agricoles polluées par le Chlordécone ?

Une plante qui vous veut du bien

La Cannabis est une plante très utile qui permet d’obtenir des cordages, du tissus, des matériaux de construction et d’isolation, du papier supérieur, des solvants, des médicaments, etc.

Le Chanvre est une plante de la famille des Cannabaceae, qui est divisée en quatre sous-espèces : Sativa, Indica, Afghanica et Ruderalis.

Cette plante pousse partout dans le monde, jusqu’à 6 000 mètres d’altitude.

Elle est championne du captage de CO2, en plus d’être un véritable aspirateur à nitrates. Elle est également la plante n°1 en production de biomasse (elle est la plus rapide des plantes pour stocker et utiliser l’énergie solaire qu’elle transforme ensuite, grâce à la chlorophylle, en matière organique, source d’énergie utilisable par l’homme) et cela, sans pesticides, insecticides, fongicides.

Mais en plus, sa culture exige très peu d’eau.

En outre, le cannabis constitue :

• un très bon aliment nutritionnel, la graine de chanvre étant plus équilibrée que le soja et possédant 37% d’huiles essentielles (un record !), riches en Omega 3 et 6…

• du papier d’excellente qualité, naturellement blanc et qui résiste aux siècles. Il éviterait ainsi la déforestation puisqu’il a un rendement nettement supérieur à celui du bois, il produit en effet, quatre fois plus de papier que le bois à surface égale. Par ailleurs, son cycle de croissance est plus rapide puisqu’il est de 100 jours pour le chanvre contre 50 à 500 ans pour le bois !

• un textile doux et solide, moins onéreux que le coton. Il capte 95% des U.V. et est le mieux adapté à la peau humaine, avec le lin

• la meilleure plante phytoremédiation, pour les sols irradiés ou pollués. En effet, elle joue le rôle d’une pompe et permet ainsi de retirer des contaminants métaux et radioactifs du sol. Des champs de chanvre ont d’ailleurs été plantés à Tchernobyl par l’Académie Ukrainienne des Sciences et Agriculture, en partenariat avec la compagnie américaine Phytotech.
Cette dernière, se spécialise dans l’utilisation de plantes pour nettoyer les sites pollués.

• une panacée de la médecine naturelle. Le chanvre remplaçait il y a 100 ans 70% de nos produits de synthèse pharmaceutiques et des études scientifiques ont prouvé son utilisation efficace pour la régénération des circuits synaptiques centraux (du système nerveux), suite à des pathologies traumatiques ou neurodégénératives.

Chloé Dhoye (neo-planete.com) précise « que le chanvre est composé de plus de 75% de cellulose (60% pour le bois) et 10 à 12% de lignine (30% pour le bois) », qu’il est naturellement totalement biodégradable et « pourrait ainsi éviter les 400 ans de durée de vie des plastiques actuels ».

<bitin1>

Historique de la prohibition (Jack Herer, L’Empereur est nu)

La moitié des arbres sur terre ont été rasés depuis l’interdiction de la culture du chanvre, en 1937, par les lobbys forestiers, chimiques et pétroliers.

Avant cette date, on ne coupait pas les arbres pour faire du papier : on utilisait le chanvre….

Historique de la prohibition : Le chanvre, 60 ans de désinformation

En ces temps de prise de conscience massive, de refus d’un certain système - corrompu et dégradant - tous, bleus ou noirs, rouges ou verts, voudraient un monde plus juste, plus cohérent, plus vrai.

Il y a de quoi s’étonner qu’une telle plante, la cannabis, si précieuse source d’énergie transformable et renouvelable, ait été prohibée, oubliée, anéantie au point de disparaître de nos cultures et de nos mémoires, après 10000 ans de contribution quotidienne.

Comment cela s’est-il fait ? Au profit de qui et pourquoi ?

Ci-dessous, une partie de la vision de Jack Herer : Extrait de « L’empereur est nu ».

1. Un peu d’histoire…

• 1619 - en Virginie (USA) : 1ere loi américaine ordonnant aux fermiers de planter du chanvre . 
1631 idem dans le Massachussetts

• 1632 idem dans le Connecticut, etc.

Pendant 200 ans (jusqu’à la fin du XVIII ème), le chanvre a servi d’instrument de paiement légal 
(oui, oui, vous avez bien lu, les Américains ont eu le droit de payer leurs impôts avec du Cannabis !)

• 1812- C’est entre autre pour bloquer la marine anglaise via son approvisionnement en chanvre Russe, que Napoléon envahit la Russie.

• 1820- Aux USA, 80% des textiles et étoffes fabriqués en chanvre. 


• 1849- Levis Strauss lance le premier jeans… en toile de chanvre. 


• 1860- L’huile de chanvre céda peu à peu sa place au pétrole, au kérosène, surtout après la découverte de pétrole en Pennsylvanie en 1859 (Rockefeller et sa Standard Oïl Compagny)Le combustible fossile utilisé dans le monde( charbon, pétrole, gaz..) aurait pu être depuis longtemps remplacés par la biomasse végétale…

• 1883- 75 à 90% du papier dans le monde fabriqué à partir de la fibre du cannabis.( y compris la Bible et la déclaration d’indépendance des USA) Idéale pour l’archivage, il permit à l’Orient de transmettre son savoir de génération en génération. 


• 1837-1901- La reine Victoria, comme tous les gens souffrants à cette ‘époque (fatigue, toux, migraines, spasmes), utilise des remèdes médicinaux à base de cannabis. 


• 1916- Le Dép.d’Etat à l’agriculture publie les résultats des nouveaux procédés de papeterie : A surface égale, le chanvre fournit 4 fois plus de pâte à papier que le bois, et consomme 1/4, voir 1/7 des produits chimiques nécessaires au traitement des fibres de bois (souffre, chlore). *1935- 58000 tonnes de chènevis sont employées uniquement pour la fabrication de peintures et vernis. 


• Entre 1930 et 1937, la surface cultivée du chanvre a doublé d’année en année.

En 1937, elle atteignait 70000hectares. Dès 1910, Le département d’état à l’agriculture des USA , promet les machines susceptibles de moissonner et de défibrer le chanvre, lui permettant de redevenir la 1ere culture américaine.

2. Les protagonistes

Un concours de circonstances voulut qu’en 1937, Du Pont de Neumours (DPN) dépose les brevets des procédés de fabrication du plastique, des fibres synthétiques dont le Nylon, à partir du pétrole et du charbon ; ainsi qu’une nouvelle pâte à papier au bisulfite.

Ces deux inventions ont représenté 80% de leurs croissances pendant les 50 années qui suivirent. Dans son rapport annuel de 1937, DPN fait la publicité de façon fort pressante des nouveaux produits et fibres synthétiques de l’industrie pétrochimique, procédés qui n’étaient pas encore à l’époque rentrés dans les mœurs.

Du Pont vantait les « changements radicaux » qui allaient survenir après « la hausse des revenus grâce à la politique du gouvernement…convertie en un outil pour forcer les populations à accepter de nouvelles idées sur l’industrie et la réorganisation sociale ».

Ainsi, si le chanvre n’avait pas été mis hors la loi, 80% des affaires de Du Pont de Nemours n’auraient jamais vu le jour. .ni la pollution actuelle. Ce groupe financier reste aujourd’hui encore l’un des plus puissant, en production de bénéfices il est le 8 eme au monde.

En effet, à partir de l’instauration de la Marijuana Tax Act en 1937, et de son impôt prohibitif, le chanvre fut abandonné au profit du coton et des nouvelles « fibres synthétiques » de la puissante société américaine Du Pont de Neumours.

Aux Etats-Unis environ 50% des produits (entre autre fabriqué par DdN) chimiques utilisés en agriculture sont destinés à la culture du coton, alors que le Chanvre ne nécessite aucun engrais chimique !

L’empire Hearst-Hearst Paper Manufactoring Division- exploitant forestiers et géant de la presse, milita activement dans sa presse populaire pour l’interdiction du chanvre. De 1916 à 1937, on trouve, semaine après semaine, le même article sur le même accident de voiture dont le responsable est en train de fumer une cigarette de marijuana.

Quant aux accidents provoqués par l’alcool (1000 pour 1 provoqué par la marijuana) ; ils étaient relégués à la dernière page. De 1910 à 1920, la presse du groupe Hearst répéta à l’envi que la majorité des « Nègres » [sic !] coupables d’avoir violé une femme blanche avaient agi sous l’effet de la cocaïne.

Puis, un beau jour de 1920, elle décida que ce n’était plus la cocaïne qui poussait ces « Nègres déments », mais bel et bien la marijuana ! Multipliant les titres dénonçant les méfaits de la marijuana chez les nègres et les latinos ; les transformant en « bêtes féroces jouant une musique vaudou et satanique » (le jazz),tout cela dans « l’irrespect le plus total de la communauté blanche », qui constituait le lectorat de ces gazettes. Hearst, à force de seriner à tous le mot d’argot mexicain « marijuana », le fit entrer dans le langage de tous les jours. Bientôt, il ne fût plus question de « chanvre ».

Quant au mot cannabis, il fut soit ignoré, soit relégué dans le placard des noms scientifiques. En évacuant le mot « chanvre » du langage, on s’assurait que les gens ne se rendraient pas compte de la supercherie .
H.J.Anslinger, fut nommé en 1931 directeur du Bureau des narcotique( le FBN) ; par son oncle : Andrew Mellon, Secrétaire d’état au trésor sous H.Hoover, propriétaire de la 6eme banque américaine de l’époque : la Mellon Bank, un des deux financiers de Du Pont de Neumours.

H.J Anslinger, connu pour ces nombreux propos racistes, fut l’ardent orateur du procès de la marijuana. Prohibitionniste de l’alcool, il déplaça sa véhémence vers la marijuana, tandis que les marchands d’alcool( fin de la prohibition en 1933) profitaient à leurs tours de l’évincement de ce « concurrent » encombrant et si peu coûteux.

Du Pont de Neumours, Hearst (dont les héritiers compte toujours parmis les plus grosses fortunes des USA), H.J.Anslinger et les politiciens de l’époque (financièrement concernés par la chose…) ont mis le chanvre hors la loi en prenant la Marijuana comme prétexte. Et banni tout enseignement touchant le chanvre de nos écoles, de nos universités et, aussi incroyable que cela puisse paraître, de nos centres de recherche.

3. Les faits

Ces barons de l’industrie et de la finance savaient parfaitement que le milieu des années 1930 allait assister à la naissance de machines capables de moissonner, battre, décortiquer, bref des machines qui rendaient envisageable la production à grande échelle de papier et de plastique à base de chanvre. On entrerait dans une ère nouvelle ou le bois prenait une place secondaire, ou les fibres synthétiques auraient du mal à trouver leurs places.. Ils décidèrent, puisque la situation l’exigeait, qu’il fallait purement et simplement éliminer le chanvre.

C’est entre 1935 et 1937 que furent préparées plusieurs lois fiscales prohibitionnistes. Il n’était pas question d’interdire tout de go la fameuse marijuana. Il s’agissait seulement d’exercer des pressions fiscales (patente, droits..) sur les importateurs, fabricant, vendeurs et distributeurs. En ce temps là, 1937, la « drogue » appelée cannabis se vendait donc un dollar l’once, et l’état de New-York employait en tout et pour tout un seul agent des stups.

Le 14 avril, le projet de loi fut présenter devant la commission des Finances , pas celles du contrôle pharmaceutique ou alimentaire, de l’agriculture ou du textile ; non bien sur, parce que seule la commission des Finances est habilitée à envoyer directement les projets de loi au parlement(congrès), sans obligation de débats préalables.

Les témoignages soutenant la proposition de loi devant le Congrès, consistaient essentiellement en une série d’articles piochés dans la presse du groupe Hearst, articles que J. Anslinger se chargea de lire à haute voix. Anslinger déclara que la « marijuana incitait à la violence plus que n’importe quelle drogue dans l’histoire de l’humanité ».

Il réussi à faire avaler au Congrès comme une vérité attestée que 50% des crimes violents commis aux E.U par des Latinos, Nègres etc, l’avaient été sous l’influence de la marijuana. D’après les études menées ultérieurement, aucun meurtre rapporté par Anslinger n’était basé sur des faits réels. Le président de la commission des Finances, R.L Doughton, un allié de Du Pont de Neumours, s’empressa de mettre son sceau sur le projet et de le transmettre au Président. Malgré le verrouillage des séances, un certain nombre de spécialistes appelés à déposer s’élevèrent contre ces lois fiscales inhabituelles.

A la fois Docteur et Avocat, J.Woodward, porte parole du AMA (American Medical Institute) déclara que la totalité des arguments avancés par le gouvernement était digne de la presse à scandale !

Les effets de la Marijuana avaient déjà fait à cette date l’objet de deux importantes études officielles :

• l’une faite par le gouvernement britannique des Indes de 1893 à 1894 ;
• ensuite en 1930, un rapport commandité par le gouvernement américain à propos des effets de la Marijuana sur les soldats en permissions.

Les deux rapport offraient la même conclusion : La marijuana ne représentait aucun danger. Tous deux recommande que sa consommation ne fût pas punie.

Le Dr Woodward expliqua que si l’AMA n’avait pas bougé jusqu’ici, c’est parce que cette loi s’appliquait à la marijuana, que les journaux vilipendaient depuis des années comme étant la « graine tueuse du Mexique ».

Les savants médecins de l’AMA venaient de s’apercevoir « deux jours plus tôt », que la plante que le congrès s’apprêtait à mettre hors la loi, n’était autre que le cannabis, dont on se servait pour soigner innombrables maladies.

« Nous n’arrivons pas à comprendre comment une telle loi a pu être préparée dans le plus grand secret pendant deux ans, sans même que notre profession n’ai été mise au courant ».

En 1939, Anslinger fit poursuivre plus de 3000 médecins prescripteurs de marijuana. Après quoi l’AMA s’est rangée à ses cotés : 1939-1949, seulement trois médecins furent poursuivis…

Entre 1942 et 1946, alors que le chanvre est déjà interdit, le gouvernement des États-Unis distribua 200 tonnes de semences de cannabis aux fermiers Américains, lesquelles produisirent 42 000 tonnes de chanvre par an dans le cadre de l’effort de guerre.

En 1948, on reparle du chanvre, et devant un Congrès d’un anti-communisme forcené, puis dans les journaux : Anslinger prétendit que la marijuana mettait ceux qui en consommaient dans un état si paisible et si pacifiste qu’il ne restait plus aux communistes qu’a les cueillir !

La totale contradiction des arguments d’une décennie à l’autre ne gêna pas le congrès qui vota le maintien de la loi sur la marijuana en se basant sur des arguments diamétralement opposés à ceux de 1937.

4.Conclusion :

VOUS AVEZ BIEN COMPRIS, TOUT CECI N’ÉTAIT QU’UN PRÉTEXTE POUR FAIRE DISPARAITRE LA CULTURE DU CHANVRE !

Les journaux continuèrent jusque dans les années 1960 à distiller ce morceau d’anthologie de la désinformation, et aujourd’hui encore, des informations inexactes et orientées restent un peu partout le discours des pouvoirs en place.

Pinoteau

A lire : Jack Herer, L’Empereur est nu, Éditions du Lézard.

”« Si on interdisait toutes les énergies fossiles et leurs dérivés, ainsi que l’utilisation des arbres pour le papier et la construction, dans le but de sauver la planète, d’inverser l’effet de serre et d’arrêter la déforestation ; alors, il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui est capable de fournir la totalité du papier et des textiles sur la planète ; répondant à tous nos besoins en termes de transport, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère...

Et cette ressource est - la même qui était utilisée à cet effet auparavant - le cannabis, le chanvre, la marijuana ! »

Jack Herer, L’Empereur est nu, Éditions du Lézard.


Sources :

L’empereur est nu (The Emperor Wears No Clothes), de Jack Herer, Éditions du Lézard.

• Dico Ecolo : le chanvre (par Chloé Dhoye, neo-planete.com)

<bitin2>

Bitin.fr/Caraibe - portail

Un autre regard sur la Guadeloupe, la Caraïbe et le monde

Portail alternatif d’information

Guadeloupe • Caraïbe • Guyane • Cuba

 3/04/2011

[1Pour plus d’information, contacter www.cannabissansfrontieres.org

 Vos commentaires

Articles référencés 

Lucette Michaux-Chevry, la Dame de fer de la Caraïbe française
27/03/2024
Chemin de la mangrove 5 : Le premier mentor
25/03/2024
« Mes boomers de parents dilapident mon héritage en voyageant »
25/03/2024