En Tunisie comme au Niger, l’État français tue

La rédaction - 16/01/2011
Image:En Tunisie comme au Niger, l'État français tue

Sarkozy assassin !
Nicolas Sarkozy assume publiquement

Le Monde daté du 12 janvier nous confirme que c’est bien le président qui a « donné l’ordre aux forces spéciales françaises d’intervenir seules pour stopper la colonne de ravisseurs ». « Le chef de l’État estime qu’il n’y a “rien à cacher” »...

Dans un communiqué mis en ligne vendredi, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dit vouloir donner la « vraie version » des faits sur le raid des forces spéciales françaises en territoire malien.

Faut-il revenir sur l’épisode des otages liquidés avec leur ravisseurs par les forces spéciales françaises pilotées « minute par minute » à partir du bureau du Président français, ainsi qu’il l’a revendiqué ?

Le Monde daté du 12 janvier nous confirme que c’est bien le président qui a « donné l’ordre aux forces spéciales françaises d’intervenir seules pour stopper la colonne de ravisseurs ». « Le chef de l’État estime qu’il n’y a “rien à cacher” »...

« Une enquête judiciaire a été ouverte afin d’établir les circonstances de la mort des otages »... Peut-on espérer que le président soit inculpé et que la justice examine réellement en quoi a consisté sa décision ?

Il s’agissait d’empêcher que les ravisseurs n’emmènent leurs deux otages « dans les zones frontalières du Mali ». « Là, le moindre geste militaire provoquerait la mort des otages », dit au Monde – « il y a quelques jours » – un responsable du ministère de la Défense.

On apprend au passage que des forces françaises avaient été “prépositionnées”, et qu’il y a vraisemblablement, de plus, préméditation.

Le nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé, co-responsable de ce crime d’État, prétend en expliquer les motifs : si les otages étaient emportés par leurs ravisseurs « dans une de leurs bases refuges du Sahel », « on sait ensuite comment ils sont traités ».

Ainsi, il valait mieux des otages morts, car, s’ils arrivaient dans de telles “bases sûres”, cela aurait « donné le signal que la France ne se bat plus contre le terrorisme ».

Les cadavres de cette opération sont encore chauds, que Nicolas Sarkozy assume publiquement de nouveau un deuxième crime, en fournissant ses moyens au régime tunisien pour que les rues de cette néocolonie se jonchent de dizaines de morts.

Sarkozy assassin !

La rédaction de Paris s’éveille.

<h4<Chronologie des troubles en Tunisie

Retour sur un mois de révolte...

17 décembre 2010 - Mohamed Bouazizi, marchand ambulant âgé de 26 ans, s’immole par le feu devant un bâtiment administratif de Sidi Bouzid (centre) pour protester contre la confiscation de sa marchandise de fruits et légumes. Des commerçants rejoints par des jeunes qui dénoncent le manque de travail se rassemblent aussitôt pour manifester.

19 décembre - Les manifestations de Sidi Bouzid prennent de l’ampleur et la police fait usage de gaz lacrymogène.

24 décembre - Le mouvement gagne Bouziane, 240 km au sud de Tunis, où un manifestant, Mohamed Ammari, est tué d’une balle dans la poitrine lorsque la police, qui assure agir en état de légitime défense, ouvre le feu sur les contestataires.

(...)

9 janvier - Les autorités font état de 14 morts après les affrontements de la veille entre manifestants et forces de l’ordre à Thala, à Kasserine et à Regueb. « Le message a été reçu. Nous allons examiner ce qui doit être examiné, nous allons corriger ce qui doit être corrigé, mais la violence est une ligne rouge », affirme alors le ministre de la Communication, Samir Labidi, porte-parole du gouvernement.

10 janvier - Le président Ben Ali intervient pour la deuxième fois à la télévision et dénonce des « actes terroristes » qu’il impute à « des éléments étrangers ». Il promet en outre 300.000 créations d’emplois en deux ans.

(...)

14 janvier - Nouvelle manifestation à Tunis pour réclamer le départ immédiat de Ben Ali. Vers 15h15 (GMT), le chef de l’Etat annonce le limogeage du gouvernement et la tenue d’élections législatives anticipées dans les six mois. Trois-quarts d’heure plus tard, il décrète l’état d’urgence et impose le couvre-feu dans tout le pays. Deux heures et demi plus tard, le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, annonce que Ben Ali est temporairement dans l’incapacité d’exercer ses fonctions et déclare assumer la charge de président par intérim jusqu’à des élections anticipées. En fait, Ben Ali a quitté en cachette la Tunisie.

15 janvier - L’Arabie saoudite confirme peu avant 1h (GMT) que Ben Ali et son épouse se trouvent sur son sol pour une durée indéterminée.

[•• Lire la chronologie en entier sur le site de 20 Minutes


A lire :

• Niger : Al-Qaïda affirme qu’un des deux otages a été tué par les frappes françaises

Dans un communiqué mis en ligne vendredi, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui avait revendiqué l’enlèvement au Niger de Vincent Delory et Antoine De Léocour, dit vouloir donner la « vraie version » des faits sur le raid des forces spéciales françaises en territoire malien. Après l’assaut, les deux français âgés de 25 ans avait été retrouvés morts.

« En dépit des avertissements » adressés à la France sur la poursuite du raid aérien, « les avions français ont bombardé les véhicules des moujahidine, alors les moujahidine ont emmené l’un des otages loin du véhicule visé mais n’ont pu prendre l’autre qui a été tué par les Français plus tard dans le bombardement et non par des balles des moujahidine », dit le communiqué. « Avec les frappes aériennes constantes des troupes françaises, les moujahidine ont pensé qu’ils n’allaient pas s’en tirer, alors ils ont exécuté le second otage », indique Aqmi.
Le Monde, avec AFP

• Niger : toujours des questions (Moreas)

Depuis la mort des deux otages français, les informations les plus contradictoires circulent. Sans doute parce que personne ne sait exactement ce qui s’est passé. La pire des choses serait que l’on nous mente…
Blog de Georges Moréas

• Un débat interdit

Toute prise d’otages pose à l’État qui est rançonné un problème moral. Au gré des circonstances, ou des rapports de force, on peut avoir parfois l’illusion d’en connaître la solution.

Mais nul ne peut prétendre (à part peut-être Vladimir Poutine) que le problème n’existe pas.

C’est pourtant ce que fait le gouvernement français depuis la mort, samedi, de deux jeunes gens enlevés au Niger par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Pendant que nos ministres « assument », la fine fleur de nos éditorialistes, et quelques-uns de nos experts les plus médiatisés, s’emploient à verrouiller le débat.

Sans parler des dirigeants socialistes qui en appellent sur cette question à l’unité nationale. Espérons que les lignes qui vont suivre ne vont pas tomber sous le coup de la haute trahison, car, pour ma part, je pense qu’il ne va jamais de soi pour une démocratie de donner l’assaut au péril de la vie des otages. Et ce ne sont pas les propos de François Fillon insistant sur le fait que les terroristes ont « froidement » abattu nos deux jeunes compatriotes qui me convaincront.

L’adverbe « froidement » s’accommode mal d’une situation de fusillade entre des preneurs d’otages aux abois et des hélicoptères des troupes spéciales de l’armée française. Avant d’adhérer à la rhétorique officielle, n’oublions pas que les terroristes ont parfois bon dos.
Denis Sieffert, Politis

• Français tués au Niger : Aqmi renforce les doutes sur les circonstances de leur mort (Africa n°1)

• La Tunisie dans l’incertitude après le départ de Ben Ali

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 16/01/2011

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