La Nuit Rwandaise

Edition Izuba - 26/02/2002
Image:La Nuit Rwandaise

L’implication française dans le dernier génocide du XX siècle
Un livre de Jean-Paul Gouteux

La nuit est tombée le 7 avril 1994 au Rwanda, après cette opération Amaryllis pendant laquelle les légionnaires et les paras français se déplaçaient au milieu d’un bain de sang. Les tueurs en action, militaires et miliciens qu’ils avaient formés, les saluaient avec respects, fusils ou machettes aux poings. Les « comités d’autodéfenses populaires », fruits de la coopération militaire franco-rwandaise, se livraient sous leurs yeux, dans la connivence, à l’extermination des civils.

Présentation :

La nuit est tombée le 7 avril 1994 au Rwanda, après cette opération Amaryllis pendant laquelle les légionnaires et les paras français se déplaçaient au milieu d’un bain de sang. Les tueurs en action, militaires et miliciens qu’ils avaient formés, les saluaient avec respects, fusils ou machettes aux poings. Les « comités d’autodéfenses populaires », fruits de la coopération militaire franco-rwandaise, se livraient sous leurs yeux, dans la connivence, à l’extermination des civils.

A la fin de l’opération Amaryllis, le trie était fait. Les Blancs étaient évacués. On avait tiré le rideau. Les responsables français avaient clairement donné leur consentement aux tueurs en laissant faire. Les massacres pouvaient alors se développer dans tout le pays, sans témoin étranger, dans la nuit rwandaise… Il s’agit de l’abandon d’une minorité désarmée, l’abandon à l’holocauste de civils innocents. Un holocauste prévu par ceux qui organisaient leur abandon.

Ce livre révèle crûment le rôle de la France dans le génocide. Il l’explique. Il le place dans son contexte politique et historique. Un contexte que peu de gens connaissent, y compris les Rwandais, mais qui n’avait pas échappé aux services français. L’approche historique permet de comprendre le raisonnement des concepteurs du génocide et de leurs complices. La 1ère République rwandaise est fondée sur les massacres de la minorité tutsi depuis 1959, comme le « petit génocide » de Gikongoro (mais peut-il y avoir des « petits » génocides ?). Des dizaines de milliers de victimes, hommes, femmes et enfants, massacrés en 1963. Qui en a parlé ? Bertrand Russel ? Quelques journalistes ? Personne ne les a entendu et voulu les entendre. Ce sont les vainqueurs qui font l’histoire, pas les vaincus.

En Turquie, le génocide des Arméniens n’a pas trop pourri la vie de ceux qui l’ont accompli. Il n’existe que par la parole des survivants de la diaspora. Si la communauté internationale a reconnu le génocide des Tutsi de 1994 comme elle l’a fait pour la Shoah, c’est bien parce que ceux qui l’ont accompli ont perdu. Mais cette victoire du FPR, le Front patriotique, engagé contre une armée soutenue par la France, n’était pas inéluctable. C’est même une première historique. Elle a obligé les complices à réviser leur copie, à parler d’aristocraties guerrières et à lancer l’opération Turquoise. Ils n’ont pas pu arrêter la déroute de leurs anciens alliés, mais sont parvenus à brouiller les cartes.

Au Rwanda le nombre de survivants est infime. Il s’agit surtout de femmes violées qui sont en train de mourir du Sida dans les collines. Les chiffres sous-estimés de 250.000 à 500.000 morts que rabâchait l’AFP dans tous ses communiqués (jusqu’en 1998 !) témoignent de l’intensité de la désinformation : La presse évoquait un « conflit ethnique » au cœur des ténèbres, un massacre de plus. Un massacre un peu plus radical que les autres, c’est tout. Ces chiffres pouvaient être digérés par l’opinion internationale. Le million de victimes qu’il faut y ajouter, ont été doublement éliminées : rayées des vivants et aussi rayées de la réalité. Elles n’auraient jamais existé. Quand, sur des collines entières tous les Tutsi ont été éliminés, plus personne n’est là pour parler des disparus. Seuls restent pour témoigner des os, enfouis dans les latrines, dispersés dans les collines ou au fond du lac Victoria. Des restes qui n’ont pas été recensés et qui le seront sans doute jamais.

Ce livre présente les premières images de l’horreur d’un holocauste que l’on veut, en France, nier, oublier, minimiser, effacer ... Au milieu de ces photos insoutenables, il y a les militaires français de Noroît qui contrôlaient en 1993 les cartes d’identité des Rwandais, sur les barrières. Ces images illustrent et résument une complicité que l’on cherche à dissimuler.

La Nuit rwandaise constitue une étude précise et argumentée. Ce livre détaille les soutiens militaires, les relais médiatiques et intellectuels qui ont été apportés en France à un nazisme tropical. L’implication politique française y est mise à nu, ses racines apparaissent : les liens et les affinités de François Mitterrand avec une nébuleuse d’extrême droite dont on retrouve l’idéologie au sein même de l’armée, en particulier dans l’ex-coloniale (les RPIMa) et les services secrets. Ces évènements tragiques ont montré qu’un petit nombre d’officiers extrémistes, assurés de leur impunité et gestionnaire du secret-défense, noyautent les services et verrouillent la politique africaine. Car l’implication française dans le génocide s’est accompagnée d’une activité diplomatique intense : réhabilitation du dictateur-prédateur Mobutu, alliance avec le Soudan dont le régime affameur, massacreur et raciste était déjà, en 1994, un sanctuaire pour Oussama Ben Laden…

Avec 128 pages de documents visuels, soit près de 330 photos et 688 pages de textes, c’est, après les dissimulations de la mission Quilès, une mise au point essentielle, par le texte et par l’image, sur l’implication française dans le génocide des Tutsi.

Jean-Paul Gouteux

AVANT-PROPOS

« La décennie qui vient de se dérouler semble promettre aux crimes de masse un grand avenir, et de lourdes tâches à l’ONU – à supposer qu’elle veuille un jour se départir de sa solide tradition démissionnaire ou complice. Mais ici, l’ordre règne de l’amnésie. A l’heure, donc, où la “communauté internationale” se retournerait sur ses “défaillances” en Bosnie et au Rwanda, elle a laissé faire le pire au Congo-Brazzaville et au Timor. Rappelons que la haute direction de l’ONU connaissait l’existence du “Plan B”, dit “Opération Nettoyage Total” préparé de longue date en Indonésie, comme elle savait à l’avance ce qui allait se passer au Rwanda. La question qu’il faut se poser maintenant est : combien y a-t-il aujourd’hui de tels plans dans le monde ? Ainsi, les fonctionnaires de l’ONU pourraient être prévenus et évacués à l’avance ».

Catherine Coquio, « Du malentendu », in : Parler des camps, penser les génocides, Albin Michel, 1999.

Quelques livres ont osé lever le voile sur l’implication française dans le génocide des Tutsi. Le premier chronologiquement est de Pascal Krop : Le génocide franco-africain, sous titré : « Faut-il juger les Mitterrand ? » [1] . Il est immédiatement suivi de Rwanda : complicité de génocide ? [2] de François-Xavier Verschave. Mehdi Ba avec Rwanda, un génocide français, puis Michel Sitbon avec Un génocide sur la conscience, ont révélé à leur tour ce que personne ne voulait savoir [3] . Dans Un génocide secret d’Etat, paru en 1998 en même temps qu’Un génocide sur la conscience, j’écrivais : « l’occultation de cet épisode, le refus de voir, le silence gêné, c’est l’acceptation du pire » [4] . Cette phrase résume la motivation de tous ces livres : le refus du pire. C’est l’enjeu de la vérité.

En 1997, diverses pétitions circulaient en France, appelant à une Commission d’enquête sur le Rwanda. Une enquête sénatoriale avait été conduite en Belgique. Irrésistiblement, le scandale commençait à émerger. Un courant d’opinion se formait, des ONG regroupées dans divers collectifs [5] demandaient, avec de plus en plus de force et d’insistance, une Commission d’enquête parlementaire et la levée du Secret Défense pour faire la vérité [6] . Puis, brusquement en janvier 1998, à la suite du Figaro, toute la presse pris le relais. Après avoir été silencieuse pendant le génocide, elle faisait, avec quatre ans de retard, son travail d’information. Le gouvernement français était au pied du mur. Sa réaction immédiate fut la mise sur pied d’une Mission présidée par Paul Quilès et le scandale, à peine apparu sur la scène médiatique, pu être éclipsé à la fin de la même année.

Aujourd’hui, au début de 2001, cette complicité française est à la fois connue et occultée. Deux gros rapports l’ont mise à nu, rendant plus lourd encore ce climat d’omerta. Le premier est celui d’Alison des Forges Aucun témoin ne doit survivre [7] , fruit d’une longue enquête. Le second est celui de l’O.U.A., Un génocide évitable [8] , remarquable réflexion sur les informations disponibles. Leur objectif est d’analyser l’ensemble du processus génocidaire, sans se focaliser particulièrement sur la complicité française. Cette complicité apparaît pourtant, au fil des pages, comme une vérité évidente. Certains passages en sont des constats terribles et irrécusables. Trois ans après l’enterrement prématuré du scandale par la Mission Quilès, les fantômes continuent de surgir de la nuit rwandaise. Deux autres livres importants : La Françafrique [9] et Noir Silence [10] de François-Xavier Verschave reprennent et complètent ces informations. Mais ils concernent l’ensemble de la politique africaine de la France et pas seulement le Rwanda. Une synthèse spécifique sur l’implication française dans le génocide était donc nécessaire.

L’Église catholique s’est engagée depuis la fin des années cinquante dans une politique de soutien à l’ethnisme hutu. Sa complicité persistante, jamais désavouée même après le génocide, est un autre scandale, parallèle à celui de la complicité française et qui fait également l’objet d’un « silence gêné » [11] . Nous verrons que les deux complicités s’enchevêtrent. Les Hutu, présentés souvent comme le « peuple de la glèbe », des « ilotes » [12] sont aussi loués pour leur « foi catholique sincère et pure » [13] . Six ans après le génocide, le Vatican continue à aider les prêtres impliqués dans l’extermination de leurs fidèles tutsi. La prélature personnelle de Jean-paul II, l’Opus Dei, se trouve en l’an 2000 à la pointe du négationnisme et du révisionnisme. Avec le soutien et la bénédiction du Vatican, cette secte catholique d’extrême droite diffuse sur internet tout ce qui a une connotation raciste anti-tutsi [14] . La complicité religieuse dans ce génocide est unique. Même si l’Église catholique s’était gravement compromise dans le génocide des Juifs [15] , jamais la bonne conscience, ce « racisme de bon aloi » [16] , n’avait été aussi loin et persisté aussi longtemps. Il est impossible d’aborder la problématique de la complicité française dans le génocide des Tutsi sans faire l’historique des implications religieuses qui en sont à l’origine.

Il faut aussi souligner les complicités intellectuelles et médiatiques qui ont permis d’en nier l’évidence, d’en étouffer le scandale et de le faire disparaître hors du champ de vision. L’enjeu étant l’impunité des responsables militaires et politiques français. Des experts ont été sollicités par la Mission Quilès. D’autres ont écrit spontanément des articles lénifiants, parce qu’ils voyaient là leur devoir. Au moment où la presse se livrait au devoir de vérité, quatre ans après les faits, des journalistes se sont employés à colmater les brèches que faisaient leurs confrères. Des présidents d’ONG, sensibles à l’honneur de l’armée française, ont expliqué qu’elle ne faisait qu’obéir aux ordres. On ne peut comprendre la réussite du blanchiment politique opéré par la Mission Quilès sans tenter d’en démonter les mécanismes. Ainsi, quelques articles écrits pour en rendre crédible les conclusions, seront analysés. Il fallait aussi dénoncer des attitudes intellectuelles, les mensonges, les silences et les omissions, qui permettent de détourner si facilement les regards.

Le combat pour la vérité dans le cas d’un scandale d’État est particulièrement difficile. Il remet en question des autorités politiques et militaires toujours en exercice. Il s’affronte aux institutions. Pour un universitaire, un tel affrontement avec le pouvoir étatique sort des normes habituelles et des limites admises. C’est contraire aux bonnes manières institutionnelles, ce n’est pas dans les mœurs. Concernant le Rwanda, la complicité intellectuelle ne relève pas des archives mais de l’actualité. De surcroît et contrairement à la Shoah, le négationnisme et le révisionnisme s’affirment et se développent avant même que le travail des historiens ne soit commencé. Même si le cercle actuellement au pouvoir à Kigali s’empare idéologiquement du génocide, cela ne le supprime pas pour autant. Ce que Pierre Vidal-Naquet a écrit pour la Shoah s’applique parfaitement au génocide des Tutsi [17] : « Les pires crimes que pourraient commettre les Israéliens ne seraient pas justifiés par Treblinka, mais inversement, ils ne changeraient pas un iota au caractère intégralement criminel de ce que furent Auschwitz et Treblinka. Le présent peut transformer l’image de ce que fut le passé, il n’a pas la possibilité de transformer le passé lui-même dans sa réalité. »

Il est clair que les humanitaires, universitaires et journalistes qui soutiennent l’Establishment n’ont pas l’intention de se laisser confondre et feront feu de tout bois. Les plus basses manœuvres médiatico-scientifiques ont déjà été tentées, comme nous le verrons. Inversement, le désir de faire la vérité s’émousse vite. La fréquentation des autorités est redoutable pour l’intégrité des chercheurs, en particulier pour ceux qui sont au sommet de leur carrière scientifique et universitaire. Les notables de la recherche ont leurs petites et grandes entrées dans les ministères. L’approche des responsables politiques donne l’enivrante impression d’être dans les coulisses du pouvoir. Elles donnent aussi l’illusion d’y participer.

Ainsi les conclusions de la Mission Quilès seront l’objet d’un pudique « devoir de réserve » en public, mais volontiers contestées en privé. Car les critiques contre ce « travail parlementaire » ne manquent pas d’arguments. Comment ne pas signaler la sélection des témoins et des documents… Le rejet de ce qui est trop compromettant… Le maintien du Secret-Défense évoqué pour justifier l’audition de militaires à huis-clos… Quelle caricature, aussi, que Paul Quilès apostrophant violemment au téléphone une rescapée du génocide pour la dissuader de se faire entendre ! Cet épisode caricatural mérite un développement. La rescapée en question est une ancienne employée de la coopération française [18] . Son témoignage, envoyé sous forme écrite, ne sera publié dans aucun des quatre gros rapports de la Mission Quilès [19] .

Cette rescapée a subi les contrôles d’identité ethnique effectués sur les barrières à proximité de Kigali, par des soldats français [20] . Elle a entendu les cris de filles tutsi violées par des militaires français à ces mêmes poste de contrôle. Elle a vu les militaires français entraînant les sinistres Interahamwe, basses œuvres du génocide. Abandonnée aux massacres comme les autres employés tutsi des services français en avril 1994 lors de l’opération d’évacuation des Occidentaux (Amaryllis), elle sera sauvée in extremis par des soldats belges. Une vie sauvée bien gênante pour les responsables français, une expérience vécue qu’ils ne souhaitent pas entendre. A travers elle, c’est la mémoire des victimes qui était sommé de se taire. La Mission Quilès évitera systématiquement l’évocation des rescapées du génocide et ne dira pas un mot de leur misère actuelle au Rwanda.

« Itsembatsemba ni icyaha kidasibangana » (un génocide est un crime qui ne s’oublie pas) répétait une voix rwandaise dans l’émission de Daniel Mermet, « Rwanda sous silence » [21] . Les acteurs français, complices ou coupables, le savent. Ils savent aussi que le temps est un paramètre relativiste. Ils peuvent le ralentir. Ils peuvent différer, faire attendre, occulter, noyer le poisson, brouiller les cartes pour profiter le plus longtemps possible de leur impunité. Ils s’emploient à dissimuler leurs responsabilités et vont même se mettre en avant, créer des bunkers au sein de l’État. Ainsi l’ont fait le secrétaire général de la présidence de la République Hubert Védrine (1991-1995), devenu ministre des Affaires étrangères, ou Bruno Delaye, conseiller de Mitterrand (1992-1995), « revenu aux affaires en l’an 2000 » par une promotion : il est nommé directeur à la Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID), après avoir bénéficié pendant quatre ans d’une Ambassade au Mexique. Le Capitaine Paul Barril, conseiller « privé » du régime génocidaire rwandais, sera promu au grade de « commandant de la gendarmerie dans le cadre de la réserve » en juin 1994.

Un exemple dans l’histoire immédiate peut les inspirer : l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Maurice Papon. Après sa complicité dans la déportation des Juifs sous l’occupation, il a pu devenir Préfet de police de Paris sous de Gaulle de 1958 à 1967. Il continuera sa carrière politique comme député UDR et trésorier de ce parti sous Pompidou. Il finira en apothéose comme ministre sous Giscard d’Estaing. Jugé in extremis à quatre-vingt-sept ans, son procès arrive trop tard. Et reste l’exception, la plupart des fonctionnaires sont passés de la collaboration aux IVe et Ve Républiques. Selon le député socialiste Paul Quilès, sa Mission a abouti à l’exonération complète des responsabilités françaises au Rwanda. Ce résultat, qu’il avait l’impudence de promettre dès le début, permet sans doute aux complices du génocide de 1994 de dormir tranquille.

Mais l’impunité se paye en crime. N’oublions pas que le 17 octobre 1961, ce même Maurice Papon sera à l’origine de la répression brutale de la manifestation algérienne. On sait aujourd’hui qu’elle s’est soldée par quelques 200 victimes nord-africaines, matraquées et jetées dans la Seine. Les événements de ces six dernières années ont montré l’aboutissement de l’impunité française au Rwanda. Le pire s’est à nouveau réalisé dans une guerre secrète au Congo Brazzaville, organisée par les réseaux françafricains et financée par Elf : l’extermination de populations civiles, désignée comme victime en fonction de leur appartenance ethnique [22] . Comme au Congo Kinshasa, l’implication française s’est faite par mercenaires « officiels » et par l’utilisation des anciennes Forces Armées Rwandaises (ex-FAR), génocidaires devenus de véritables supplétifs de l’armée néocoloniale française.

Les crimes contre l’humanité sont devenus banalités. La barbarie est systématisée à grande échelle, comme le remarque avec une amère ironie le professeur de lettre Catherine Coquio, dans la citation donnée en exergue. Parfois présentée comme une fatalité inhérente au continent africain, ces horreurs sont le plus souvent occultées par les médias. C’est le cas de la guerre du Congo Brazzaville. Au Sierra Leone, les médias ont décrit une guerre de terreur où les mutilations des civils sont systématisées. Mais qui sait que la France a participé à cette guerre ? Des fonctionnaires et des militaires français ont contribués à ces atrocités, à travers une aide directe, par les commandos des services secrets impliqués sur le terrain, ou, indirectement, par les réseaux de l’Élysée qui finançaient et agissaient en coulisse [23] . Qu’ils se soient déroulés dans le silence des médias ou qu’ils aient été présentés à travers une information tronquée et manipulée, ces crimes sont liés à l’action souterraine du pouvoir français dans ses anciennes colonies, dont les réseaux, les clients et la corruption forgent le concept de « Françafrique » [24] .

Le Rwanda a été le laboratoire de ce type d’intervention secrète. Le génocide des Tutsi, qui aurait du mettre un terme à ces pratiques élyséennes, est resté un scandale étouffé. La prise de conscience est plus que jamais nécessaire et ce livre entend y contribuer.

Notes :

[1] Jean-Claude Lattès, 1994. Un titre prémonitoire. Le fils, Jean-Christophe, est déjà inculpé en janvier 2001 pour une affaire de trafic d’armes.

[2] La Découverte, 1995.

[3] L’Esprit Frappeur, 1997 et 1998, respectivement.

[4] Extrait de la présentation d’Un génocide secret d’État, Éditions Sociales, 1998. Ce présent livre est l’approfondissement de cette réflexion qui est aussi une révolte.

[5] Notamment l’association Survie, Vigilance Rwanda, le bulletin Liaison-Rwanda, etc., …

[6] Une Commission dispose en théorie des moyens légaux que n’a pas une Mission d’information.

[7] Human Rights Watch Africa/FIDH, Karthala, 1999, 933 pages.

[8] Rapport établi à la demande de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) par une commission présidée par Ketumile Masire (Botswana), Ahamadou Toumani Touré (Mali), Lisbet Palme (Suède), Ellen Johnson-Sireleaf (Liberia), P.N. Bhagwati (Inde), Hocine Djoudi (Algérie) Stephen Lewis (Canada), 296 pages, achevé le 29 mai et diffusé le 7 juillet 2000.

[9] Stock, 1998.

[10] Les Arènes, 2000.

[11] Les catholiques qui animent la revue Golias le révèlent dans les numéros 37, été 1994 ; 43, été 1995 et son supplément ; 48-49, été 1996 numéro spécial « Rwanda : l’honneur perdu des missionnaires » ; 65, mars avril 1999, et le livre : Rwanda : l’Honneur perdu de l’Église, Éditions Golias, sous la direction de Christian Terras, avec la collaboration de Mehdi Ba et Jean Musi, 1999. Golias, BP 3045, 69605 Villeurbanne Cedex.

[12] Stephen Smith, « Génocide, le mot et les morts », Libération du 6 au 10 mars 1997.

[13] Bernard Debré, Le retour du Mwami, Ramsay, 1998, page 46.

[14] Sur le site internet Inshuti de minorisa basé en Espagne dont la virulence révisionniste est inégalée (www2.minorisa.es/inshuti).

[15] Dont l’historien Henri Fabre fait une recension courageuse : L’Église catholique face au fascisme et au nazisme, EPO/Espace de Liberté, 1995.

[16] Dont parle la journaliste Marie-France Cros, La Libre Belgique du 1er juin 1994.

[17] Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire, La Découverte, 1987, page 174.

[18] Yvonne Mutimura Galinier. François-Xavier Verschave rapporte ce fait et résume le témoignage occulté dans Noir Silence, pages 524-525, ouvrage cité.

[19] On trouvera également son témoignage dans Libération du 26 février 1998, reproduit ici en annexe.

[20] Elle avait déjà relaté cet épisode dans L’Afrique à Biarritz, Karthala, 1995, pages 134-136.

[21] (Richard Butera). Daniel Mermet, Là-bas si j’y suis, La Découverte/France Inter, 1999, page 103.

[22] François-Xavier Verschave, Noir Silence, Les Arènes, 1999.

[23] Ibidem.

[24] Face cachée de l’iceberg des relations franco-africaines, système de négation des indépendances mis au point par Jacques Foccart, comme le définit François-Xavier Verschave dont les livres ont vulgarisé le termes. Voir France Afrique, le crime continue, éditions tahin party, 2000.

Izuba éditions / L’Esprit Frappeur, 2002.

Réédition en 2004

ISBN : 2-910019-75-6

ISBN : 2-84405-087-5

Photo de couverture : ©1994, Peterson/Liaison, Gamma.

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 26/02/2002

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