FRANCE : Des génocidaires parmi nous (France 2 - 31 mai)

Bruno Gouteux - 10/05/2011
Image:FRANCE : Des génocidaires parmi nous (France 2 - 31 mai)

Génocide des Tutsi
Mardi 28 juin 2011 vers 22h40

[Mise à jour : 23 juin] Le documentaire de Manolo d’ARTHUIS sur le génocide des
Tutsi au Rwanda et plus particulièrement sur les activités du
CPCR et la présence de présumés génocidaires rwandais sur le
sol français sera diffusé sur France 2 le mardi 28 juin 2011 vers 22h40
malgré tous les efforts des protagonistes (Mme Kanziga, Bivugabagabo et Twagira) pour faire interdire sa diffusion.

Il sera rediffusé le vendredi 1 Juillet vers 00h10. Initialement programmé le 31 mai 2011, la diffusion du documentaire avait été repoussée une première fois par France 2 à cause de l’arrestation de Mladic.

A lire : Agathe Habyarimana veut s’opposer à la diffusion d’un documentaire sur le génocide.

En 1994, le Rwanda a vécu le génocide le plus rapide du XXème siècle. Plus d’un million de Tutsi ont été méthodiquement massacrés en à peine trois mois.

Dix sept ans après les faits, la justice rwandaise et internationale ont jugé et condamné les principaux responsables du génocide.

Mais combien de complices et d’assassins sont encore en liberté ? Combien vivent, en toute impunité, en France ?

Malgré des mandats de recherche internationaux, la justice française aura jusque là choisi de les ignorer.

Le documentaire de Manolo D’Arthuys sur le génocide des Tutsi au Rwanda et plus particulièrement sur les activités du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda et la présence de présumés génocidaires rwandais sur le sol français sera diffusé sur France 2 le mardi 31 mai 2011 vers 22h30.

Le documentaire sera suivi d’un plateau d’une vingtaine de minutes animé par Nicolas POINCARE, avec la participation de son Excellence Jacques KABALE, ambassadeur du Rwanda en France, de Filip REYNTJENS, constitutionnaliste et politologue belge, de Maria MALAGARDIS, journaliste et d’Alain GAUTHIER, président du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda).

Une haine ancestrale ?

« Enre Hutu et Tutsi, une haine ancestrale »... peut-on entendre dans la présentation du documentaire (voir ci-dessous). Ces « simplifications » ou « raccourcis » dans la narration ne doivent pas occulter la réalité sociale et historique rwandaise : la « haine ancestrale » entre ces deux groupes - formant avec celui des Twa la société rwandaise - est une fiction censée expliquer le génocide, cette extermination des Tutsi - hommes, femmes et enfants - programmée et encadrée par l’État et l’armée.

Cette explication a généralement pour fonction de dédouaner la classe politique et les intellectuels rwandais ayant œuvré à la mise en place du génocide, tout comme l’inaction ou la complicité de la communauté internationale et de certains États, parmi lesquels la France et son armée.

Il est important de rappeler que l’idéologie génocidaire ne puise pas ses sources dans une supposée « haine atavique » entre Hutu et Tutsi, mais dans l’importation - par les colonisateurs Belges et l’Eglise - du racisme et de l’ethnisme au Rwanda [Lire sur ce site Hutu, Tutsi et Twa de Jean-Luc Galabert].

Gageons qu’Alain Gauthier, présent lors du débat qui suivra la diffusion du documentaire, reviendra sur cette contre-vérité historique.

« Génocide du Rwanda : des tueurs parmi nous ? »

Des « présumés génocidaires » vivent en effet en France.

Des présumés planificateurs, des organisateurs de cette extermination programmée.

Aucun de ces présumés génocidaires rwandais présent sur le sol français n’a été jugé, dix sept ans après le génocide, malgré les nombreuses actions entreprises et la détermination du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (lire le communiqué de CPCR ci-dessous).

« En faisant traîner les procédures » les autorités françaises « misent sur le découragement des rescapés et de leurs familles », rappelle Alain Gauthier.

« La France doit juger les personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide au Rwanda et présentes sur le territoire français. »

De fait, « seuls quelques-uns ont été mis en examen, mais la plupart continuent de vivre en toute impunité, dans l’indifférence générale ».

Lutter contre l’impunité est une nécessité. Toute participation, toute implication dans le « crime des crimes » qu’est un génocide ne doit restée impunie.

Est-il besoin de rappeler ici cette évidence, à savoir que ce devoir de justice ne s’applique pas uniquement aux Rwandais, à ces présumés génocidaires rwandais présents sur le sol français.

Et comme le rappelait Tharcisse Karugamara, ministre rwandais de la justice, et comme le rappelle la cinquième livraison de la revue La Nuit rwandaise (dont on peut lire l’édito sur ce site), des actions doivent également être entreprises afin d’amener les responsables politiques et militaires français incriminés dans le génocide des Tutsi à répondre de leurs actes devant la justice.

Bande annonce du documentaire

« Génocide du Rwanda : des tueurs parmi nous ? » :

Communiqué de presse du CPCR du 6 avril 2011

Pour la dix-septième année consécutive, le Rwanda et de nombreux citoyens du monde entier vont commémorer le génocide des Tutsi perpétré en 1994 par un gouvernement extrémiste soutenu, jusqu’à sa disparition, par un certain nombre d’Etats. C’est l’occasion de rappeler, en ce qui concerne la France, pays d’accueil par excellence, qu’aucun présumé génocidaire n’a été jugé. Seuls quelques-uns ont été mis en examen, mais la plupart continuent de vivre en toute impunité, dans l’indifférence générale.

Un présumé génocidaire, visé par une « fiche rouge » d’Interpol a été récemment arrêté à Toulouse. Sans l’action et la détermination du CPCR qui venait de déposer plainte contre monsieur Tite BARAHIRA, cette arrestation n’aurait fait l’objet d’aucune médiatisation. Une autre plainte déposée en juin 2010, toujours à Toulouse, n’a toujours pas eu de suite à ce jour…

Il semblerait bien que les autorités de tout bord, en faisant traîner les procédures, misent sur le découragement des rescapés et de leurs familles. Il serait parfois tentant, en effet, de jeter l’éponge, de stopper net tout nouveau dépôt de plainte. Il serait facile, parfois, de se laisser gagner par le découragement devant l’inertie d’une justice qui semble privilégier le bourreau au détriment des victimes. Le renoncement aux poursuites donnerait satisfaction à beaucoup d’institutions ou d’individus de notre pays. La tentation existe, le risque d’y succomber, non. Le 14 avril, le Sénat français devrait adopter le texte instituant le « pôle spécialisé » pour crime de génocide et crimes contre l’humanité. Présenté en procédure accélérée, ce projet de loi sera ensuite soumis à la Chambre des députés et d’ici la fin de l’année, la France devrait s’être dotée de nouveaux moyens pour poursuivre en justice les présumés génocidaires rwandais présents sur le sol français. Reste à savoir quels moyens seront mis à la disposition de ce pôle !

Si aujourd’hui l’heure est au recueillement et à la mémoire, la justice doit rester un objectif prioritaire. Nous n’aurons de cesse de demander à notre pays de respecter ses engagements. La France doit juger les personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide au Rwanda et présentes sur le territoire français. La France doit cesser d’accueillir de nouveaux bourreaux. Une véritable réconciliation ne peut pas se construire sur l’oubli ou sur l’amnésie : nous restons convaincus que seule la justice reste le chemin qui mène à la paix.

Fait à Reims le 6 avril 2011.

Alain GAUTHIER, président du CPCR
Contacts : collectifrwanda aol.com
00336 76 56 97 61


« Génocide du Rwanda : des tueurs parmi nous ? »

Image : Manolo D’Arthuys
Montage : Vincent Daudey
Prod : Tony Comiti Productions
Durée : 70 mn
Avec la participation de France Télévisions et du CNC

Illustration : Alain Gauthier, président du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda).

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 10/05/2011

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