Guadeloupe : grève illimitée le 14 décembre ?

Bruno Gouteux - 27/10/2010
Image:Guadeloupe : grève illimitée le 14 décembre ?

Lyannaj Kont Pwofitasyon
Grève faiblement suivie en Guadeloupe

La Guadeloupe a fonctionné quasi-normalement ce mardi 26 octobre, même si 6.500 personnes ont manifesté, selon la préfecture ou 25.000 selon le LKP.

En Martinique, entre 1.700 et 2.000 personnes (selon la préfecture ou les organisations syndicales) ont défilé.

A lire sur ce site : GUADELOUPE : An nou woupwan chimen a la lit !

La mobilisation

Les collectifs LKP appelaient à la grève « contre l’augmentation constante du prix des carburants, des prix alimentaires, de l’électricité et de l’eau ».

Entre 6.500, selon la préfecture, et 25.000 personnes selon les organisateurs, ont manifesté aujourd’hui à Pointe-à-Pitre, à l’appel du LKP, le collectif de syndicats, partis et associations à l’origine du mouvement social qui avait soulevé la Guadeloupe pendant 44 jours, début 2009.

Outre l’UGTG et les centrales syndicales indépendantistes CTU et CGT-G, les représentations locales de FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC, des syndicats de l’Education nationale (FSU, FAEN-SNCL, UNSA, et SPEG, indépendantiste), ainsi que Sud-PTT, s’étaient associés au mot d’ordre de grève générale du LKP.

En Martinique, où c’est le collectif K5F qui avait lancé le même mot d’ordre de grève générale, une manifestation a rassemblé dans les rues de Fort-de-France entre 1.700 personnes, selon la police, et 2.000 selon les syndicats, avec des slogans contre la vie chère et contre la réforme des retraites.

Le mot d’ordre de grève a ainsi été assez peu suivi dans les deux départements d’outre-mer.

Elie Domota, le porte-parole du LKP, aura néanmoins lancé un ultimatum au 5 décembre prochain, pour la satisfaction des revendications. Un mot d’ordre de grève illimitée a été également lancé à partir du 14 décembre.

S’exprimant après la manifestation de Pointe-à-Pitre, qui s’est déroulée sans incident, le porte-parole et leader du LKP, Elie Domota, a lancé un « ultimatum » et annoncé le lancement d’un mot d’ordre de grève générale illimitée à compter du 14 décembre.

Alors que malgré la grande mobilisation populaire de 2009 « la pwofitation » n’aura jamais cessé sur l’île, Elie Domota a fixé au 5 décembre, date anniversaire de la constitution du LKP en 2008, la date-limite pour la satisfaction des revendications du collectif, revendications sur lesquelles le patronat et l’état s’étaient d’ailleurs engagés.

Des chiffres

La manifestation syndicale initiée par le LKP aurait rassemblé, ce jour [26 octobre 2010] 6500 personnes (selon la préfecture) et 25 000 (selon le LKP) dans les rues de Pointe-à-Pitre.

Grève très faiblement suivie, donc, en Guadeloupe comme en Martinique.

Taux de grévistes enregistrés (liste provisoire) :

- La Poste - 21%

- CGSS - 11%

- EDF - 7%

- SDIS - 7%

- Route de Guadeloupe (ex DDE) - 5,3%

- DRFIP (Trésor public) - 1,2%

- Mairie de B/T, CHU de B/T, DDAF, Préfecture - 0%

Déclaration du LKP

Intervention du porte-parole du LKP et secrétaire général de l’UGTG, Elie Domota, lors du meeting du lundi 25 octobre 2010 à Pointe à Pitre.

La communication du LKP

Le point fort du LKP n’est pas la communication...

Un petit tour sur la galaxie « LKP » sur internet.

Si l’UGTG (qui fait partie du LKP) a un site internet bien conçu, assez réactif (ugtg.org) et sur lequel on peut trouver la plupart des déclarations du LKP, on ne peut pas en dire autant pour le mouvement social ayant réussi, avec le soutien de la population, à paralyser la Guadeloupe pendant plus d’un mois en 2009.

On retrouve en effet une série de sites - se disant tous plus ou moins « officiels », mais qui tous ne sont pratiquement pas tenus à jour.

• Le site officiel, inaccessible ce jour (26/10/2010 à 21h10), n’est pratiquement jamais actualisé (lkp-gwa.org).

• Sur le « blog officiel du LKP » (« l’unique voix du LKP en ligne ») la dernière information publiée (blog visité le 26/10/2010 à 21h10) nous livre un communiqué sur Guerlain et ses propos racistes - sur lesquels en effet il faut revenir - alors qu’on s’attendrait à y lire des communiqués sur la journée de mobilisation du 26 (lkp-gwa.org/dotclear/).

Le Journal du LKP (encore un autre site « officiel », nous livre pour dernier article publié en page d’accueil (mis en ligne le 4 juin 2010) un article sur Haïti ( lkpgwa.wordpress.com).

• Sur un autre site, réalisé avec Ning (gestionnaire gratuit de réseaux sociaux) et qui se définit comme le « Réseau social sur le mouvement Liyannaj Kont Pwofitasyon » , des discussions - datant pour la plupart de 2009 - réunissent quelques rares blogueurs assez peu inspirés ( lkpgwa.wordpress.com).

• Enfin, il y a ( LIYANNAJ_KONT_PWOFITASYON), une sorte de « blog militant » plein de publicités qui se revendique, lui aussi, du LKP, et qui semble être une émanation de celui qui a en charge la gestion du blog du SE-UNSA 971 COMMUNICATION et qui semble vouloir se saisir de l’occasion pour gagner un peu d’argent et vendre une espèce de Kit militant « à partir de 25.80 € »...

Bref, un tour d’horizon non exhaustif, pour voir que si le nerf de la guerre, de nos jours, c’est la communication, le LKP semble l’avoir, dores et déjà, perdu.


Sur les sites réactionnaires, devant le nombre réduit de manifestants ce 26 octobre, la joie est au rendez-vous.

Citant (mal) Albert Camus, Édouard Boulogne, ancien professeur de philosophie bien connu en Guadeloupe et bloguer prolixe « qui se veut libre à l’égard des modes, notamment idéologiques » mais que ses propos situent immanquablement à la droite de la droite (française et chrétienne), appelle le Lyanaj Kont Domota à ne « pas se réjouir trop vite. Pas plus que le virus mortel, quand il est vaincu, à la fin de La Peste ».

Celui qui cite ainsi l’auteur de L’Homme révolté et de L’État de siège, Albert Camus, qui aura été membre du parti communiste entre 1935 et 1937 avant d’être « un ami de route » des anarchistes, comme en témoigneront sa présence dans toutes les manifestations du mouvement anti-étatiste et ses contacts répétés avec certains de ses membres, « aux heures difficiles », se propose de « fêter ça au moyen d’un bon »petit vieux« (...) un petit Bielle de Marie-Galante, par exemple ».

Pourquoi pas, on n’a rien contre un petit verre de rhum, surtout s’il est de Marie-Galante...

Quant au Lyanaj Kont Domota (groupe Facebook), on ne saurait que leur conseiller de recréer une section locale du SAC, le Service d’action civique... Jacques Foccart était d’ailleurs originaire de Basse-Terre, puis ils trouveraient dans la personne d’Édouard Boulogne, si prompt à leur donner des conseils, un mentor d’expérience...

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Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 27/10/2010

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