Le Racialisme

Bruno Gouteux, Safari - 11/10/2007
Image:Le Racialisme

Un « néo-racisme » qui ne dit pas son nom...
Méandres du racisme inexprimé

Nous devons aujourd’hui nous rendre à l’évidence : Nous sommes des racistes ! Excusez cette provocation, je devrais dire des racialistes.

Tous, sans exception, avons grandi baignés dans un bain racialiste qui a, bon gré mal gré, constitué notre éducation, notre vision du monde, notre vision de l’Autre.

Comme le rappelle Denis Blondin, le racialiste se veut non-raciste : En affet le raciste prétend que les différences que l’on peut voir entre les humains sont le fait de leur race, alors que le racialiste affirme que « c’est notre culture ou notre civilisation qui s’est affirmée comme supérieure, et non plus « la race ». Mais en profondeur, la conviction reste intacte que, pour avoir façonné cette culture jugée supérieure, il fallait que Nous soyons une race supérieure, une sorte d’humains plus doués pour la rationalité, la science, la connaissance, la création. » Ni l’un ni l’autre n’essaiera de s’interroger sur les véritables causes de l’inégalité aujourd’hui flagrante entre les pays occidentaux et les « pays en développement ». En fait, « seul le vocabulaire pour exprimer cette prétendue infériorité naturelle a changé. »

Pour une définition plus complète du racialisme, je vous invite à lire le très bon livre de Denis Blondin, Les deux espèces humaines.

Puisque c’est « le Blanc » qui a la parole (TV, journaux,...), puisque c’est les occidentaux qui écrivent (et réécrivent à leur convenance) l’Histoire, « les nègres » et les « Arabes » essaient en Afrique, en Europe comme aux Etats-Unis de se revaloriser (« Black and proud », « Black is beautiful », « Fier d’être beur »), de sortir de ces schémas appris qui leur confèrent une place à part, inférieure, dans le système cognitif qu’on leur a inculqué par le biais de cette offensive planétaire pour amener le reste de l’humanité à intégrer nos valeurs et nos modes de pensée.

Le préalable à tout essai de diminution du racisme et d’anéantissement des discriminations passe par une sérieuse prise en compte de ce paradigme cognitif, paradigme racialiste qui est la base de cette vision bi-polaire de l’humanité, de cette division entre le « Nous » que forment les blancs, les occidentaux des pays « développés » et le « Eux » qui regroupe tous les autres peuples, à la marge de « notre » humanité, de notre « race », la « race occidentale ».

On ne peut combattre une maladie que si on sait l’identifier...

Aussi les défenseurs des minorités nationales, les associatifs engagés contre le racisme et les discriminations devraient-ils prendre en compte ce paradigme racialiste qui est le fondement des préjugés et stéréotypes attribués aux groupes ethniques, « raciaux » ou culturels dont ils se font les zélés avocats. C’est contre tout un mode de représentation du monde qu’il faut se dresser et non plus uniquement contre la frange ouvertement hostile à « l’Autre », à l’étranger, à celui qui est différent ou qui apparemment nous ressemble un peu moins. Le raciste n’est que celui qui dit ouvertement ce que pense inconsciemment le racialiste : Un élan humaniste l’empêche d’affirmer clairement cette supériorité apprise d’une « race » sur l’autre. Il s’insurge alors contre ses frères racistes et entend aider cet Autre qu’il pense moins doué, démarche qui prend souvent la forme d’un paternalisme qui n’est pas sans rappeler celui des missionnaires dont on ignore souvent qu’ils restent très actifs (en Afrique ou en Amérique latine).

Bien souvent donc, ce sont ces présupposés racialistes qui poussent les bonnes âmes à militer et s’engager pour aider les pauvres sous-développés qui décidément n’arrivent pas à s’extraire de la misère, malgré toutes les aides que nos nations civilisées leur apportent (!!), par le biais d’organismes aussi charitables que le FMI et la Banque Mondiale. Ils n’arrivent pas, il est vrai, à saisir les bouées que nous leur lançons généreusement(sous la forme d’ajustements structurels, de réduction de la dette...) pour se raccrocher au bateau de la mondialisation et du développement !

C’est aujourd’hui au nom de leur intrinsèque attachement religieux que nous proposons aux jeunes beurs et beurettes une ré-islamisation qui devrait leur permettre de se sociabiliser et de pouvoir tenir le rôle que nous voulons leur allouer dans la société française du nouveau millénaire. Bien naturellement nous espérons voir se moderniser cette religion patriarcale (comme si la chrétienté ne l’était pas !), « aux dogmes archaïques », dont on suppose qu’elle aura beaucoup de mal à s’adapter à la laïcité de notre état moderne. Les racialistes ne répètent-ils pas, comme pour s’en convaincre, que tous les musulmans ne sont pas des islamiste.

Fiche réalisée en 2000 à partir des travaux de Denis Blondin et Bruno Gouteux

A lire : Le racialisme

Safari collabore au site d’information Medialternative et au collectif libertaire Ad Nauseam.

« Nous n’avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n’aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n’oublierons pas. »

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 11/10/2007

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