Michael Barry : « Visions d’Averroès » à El Jadida

Abdelali Najah - 26/04/2013
Image:Michael Barry : « Visions d'Averroès » à El Jadida

Médiathèque Idriss Tachfini - El Jadida
La participation de la philosophie musulmane à l’histoire de la pensée humaine

Le Consulat des Etats-Unis à Casablanca et la Direction Régionale du Ministère de la Culture ont organisé une conférence sous le thème « Visions d’Averroès » animée par le Professeur Michael BARRY, aujourd’hui professeur aux Département d’Études Proche Orientales de l’Université de Princeton.

La rencontre a eu lieu à la Médiathèque Municipale Idriss Tachfini le vendredi 19 avril 2013.

Le Professeur Michael BARRY a mis l’accent sur l’appropriation d’Averroès par l’art de la renaissance en Occident à savoir la peinture vénitienne de Giorgio Barbarelli dit Giorgione et Giovanni Bellini. Michael BARRY considère de prime à bord que la personnalité du philosophe musulman est fascinante et inquiétante.

Le XVIe siècle est incontestablement la plus riche période de l’histoire de la peinture vénitienne. Bien que les peintres vénitiens soient parfaitement informés des réalisations artistiques du centre de l’Italie, ils poursuivent leurs propres recherches sur la lumière et la couleur, recherches déjà manifestes dans les premières œuvres de Giovanni Bellini. Outre Vittore Carpaccio, les principaux peintres vénitiens du début du XVIe siècle sont Giovanni Bellini et ses cadets Giorgione et Titien. Giorgione meurt vers l’âge de trente-deux ans, et seul un petit nombre d’œuvres lui a été attribué, parmi lesquelles la Tempête (v. 1502-1503, Gallerie dell’Accademia, Venise). Les personnages de cette composition sont dominés par le paysage poétique qui les entoure, inhabituel à l’époque.

De part une toile peinte par Giorgione, Michael BARRY adopte une approche sémiologique de l’art vénitien du XVe siècle afin de soutenir l’hypothèse de l’appropriation d’Averroès par la culture occidentale de la renaissance, chose négligée voire refoulée par la pensée occidentale.

Trois figures dominaient ainsi cet art vénitien à savoir le vieux sage Aristote, l’adulte maturé Averroès et le jeune théologien Saint Thomas d’Aquin, objet de ladite toile Giorgione.

Entre maître et disciple, Aristote et Averroès dialoguaient, tandis que Saint Thomas d’Aquin qui s’assoit sur la terre, regardait la lumière reflétée dans la caverne.

Ainsi, le Professeur Michael BARRY a conclu qu’il y a une continuité entre la philosophie grecque et la philosophie musulmane, et non pas une pensée grecque dominante et une pensée musulmane dominée que l’art vénitien à véhiculer durant la renaissance, et dont les conséquences ont été très « désastreuses » sur la pensée occidentale.

Ceci dit, l’étude du Professeur Michael BARRY entre dans le cadre des études orientalistes qui rendent un hommage à la philosophie musulmane, ainsi que sa participation dans l’évolution de l’histoire de la pensée humaine.

Reste à signaler que le Professeur Michael BARRY publiera prochainement un livre sur « Visions d’Averroès » chez Albin Michel.

Michael Barry

Né en 1948 à New York et élevé en France, Michael Barry, aujourd’hui professeur aux Département d’Etudes proche-orientales de l’Université de Princeton, a aussi longuement vécu en Iran et surtout en Afghanistan où il a mené sur le terrain de nombreuses missions humanitaires pour la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, Médecins du Monde et les Nations Unies.

Titulaire de sept prix littéraires et pour son enseignement, tant aux Etats-Unis qu’en France et en Iran, ses travaux (dont beaucoup écrits directement en français) ont porté sur l’ethnologie et l’histoire, l’art, les littératures et spiritualités du monde irano-afghan comme sur les légendes de l’Espagne musulmane. Il a notamment conseillé la réorganisation complète des nouvelles galeries d’art islamique au Metropolitan Museum de New York, avec leur re-création d’un riyâdh par des artisans modernes de Fès, et un juste accent mis sur l’apport essentiel andalou et marocain.

Son dernier ouvrage, « Le Cantique des Oiseaux de Farîd ad-Dîn ’Attâr », en collaboration avec Leili Anvar et publié aux Éditions Diane de Selliers (Paris 2012), commente le symbolisme de 207 miniatures persanes qui accompagnent la nouvelle traduction de ce texte fondamental du soufisme médiéval.

Depuis 2007, Michael Barry participe régulièrement aux rencontres du Festival de Musique Sacrée à Fès.

Écrivain et Journaliste.

Je suis marocain. J’ai fait des études en sociologie au Maroc (Université Mohamed 5) et en France (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis).

 26/04/2013

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