Pétition de soutien à Révérien Rurangwa

Bruno Gouteux - 6/10/2010
Image:Pétition de soutien à Révérien Rurangwa

La justice, ce n’est pas seulement condamner le bourreau, c’est aussi apporter de l’espoir à la victime
« condamné à vivre prisonnier d’un pays, dans lequel il ne peut vivre qu’à moitié »

Ceci est un cri du cœur, un appel à l’aide. Je me fais aujourd’hui la porte parole de l’un de mes amis, Révérien Rurangwa.

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de lui…

Il est l’un des rescapés Tutsi du génocide rwandais de 1994, et auteur du livre Génocidé.

Voila ses mots pour vous expliquer sa situation :

"Je vis actuellement en Suisse depuis dix ans mais cette dernière refuse de clarifier mon statut. En effet, je suis rescapé du génocide de 1994 au Rwanda. En 1994, gravement blessé et seul survivant de ma famille je fus sauvé par l’association Sentinelles.

Cette dernière m’a récupéré d’entre les morts et m’a fait rapatrier en Suisse en décembre 1994 où je fus soigné. Mais l’idée qu’il puisse rester des survivants parmi les membres de ma famille me ronge et c’est pour cela que je décide de rentrer au Rwanda en décembre 1996.

Malheureusement personne n’a survécu et la seule personne que je rencontre est mon bourreau Sibomana, l’assassin de ma mère, de ma famille et le responsable de mes mutilations. Immédiatement je décide de le dénoncer à ma commune d’origine . Ce dernier est alors emprisonné sans aucun procès et sera libéré deux ans plus tard au profit des ses relations. Dès lors, il engage des hommes de main pour m’éliminer.

Je suis obligé de me cacher dans un orphelinat tenu par la société des Filles du cœur à 80 km de mon village d’origine et lorsque je suis rattrapé par les hommes de main de Sibomana, je rentre en Suisse en décembre 2000 via Sentinelles. Je poursuis alors les nombreuses opérations nécessaires à ma reconstruction (13 opérations en tout).

La crainte de vivre au Rwanda étant trop forte je décide de demander l’asile à la Confédération Helvétique une fois mes opérations achevées, à la fin de l’année 2004. Le 16 mars 2006 ma demande d’asile est déboutée au motif que je ne suis plus en danger au Rwanda puisque le génocide est terminé et que le président est Tutsi."

Aujourd’hui la situation de Révérien n’a pas évolué. Il est encore condamné à vivre prisonnier d’un pays, dans lequel il ne peut vivre qu’à moitié. Ses droits sont bafoués, il est une victime non reconnue d’un atroce génocide, chaque jour est un combat pour lui. Il mérite pourtant un peu de répit et surtout de vivre dignement, sans peur du lendemain.

La situation actuelle au Rwanda est toujours critique pour les Tutsis et ceci même si le président actuel appartient à l’ethnie tutsie. En effet, les prisons sont pleines et les victimes tusties ayant témoigné contre leurs agresseurs ne bénéficient d’aucune sécurité. Depuis 1995, un tribunal international s’est ouvert pour le Rwanda. En 14 ans, seules quelques personnes ont été jugées. Les survivants du génocide refusent de témoigner par peur d’être assassinés.

Révérien est maintenant lié depuis plus de 15 ans à la Suisse, mais il craint de ne rien pouvoir attendre de plus de ce pays qui semble rester indifférent à sa situation.

Il se demande maintenant, si notre pays, le pays des Droits de l’Homme, ne pourrait-il pas être sa terre d’asile ?

Renvoyer Révérien Rurangwa au Rwanda serait un acte hypocrite et criminel. Hypocrite car, même si le pays a retrouvé son calme, la sécurité de Révérien n’est pas assurée. Criminel, car sa vie est directement menacée.

Quelles réponses la France peut-elle lui apporter ? Sa situation ne peut laisser personne insensible. Sa détresse ne mérite pas qu’on ne se penche pas dessus et qu’on ne réponde pas à son appel.

C’est un homme que la vie n’a pas épargné, mais il est d’une force, d’un courage et d’une sagesse immenses. Il n’aspire qu’à un peu de dignité. Il a droit à une seconde chance, plus que n’importe qui.

Son combat est mon combat, celui des Droits de l’Homme, et nous avons besoin de vous.

J’ai adressé une lettre à peu près similaire à ce que vous venez de lire à M. Sarkozy, M. Besson et quelques uns de leurs collègues ministres.

La réponse que l’on m’a adressé, c’est que la France ne peut rien pour Révérien, car il n’aurait aucun lien avec elle.....

Le Rwanda et la France sont pourtant liés me semble t-il...

Cette pétition a pour but de soutenir Révérien.

Elle accompagnera un nouveau courrier que j’adresserai à M. Sarkozy.

Merci...

Camille C.


Révérien Rurangwa est un Rwandais qui n’est théoriquement plus menacé d’expulsion du territoire suisse.

Mais dans une hypocrisie extraordinaire, la Suisse refuse de lui accorder des papiers d’établissement définitif, ce qui l’oblige à renouveler son permis temporaire tous les six mois, l’empêche de travailler, d’obtenir un diplôme (dont il a déjà suivi les cours), bref, l’empêche de vivre.

Signer la pétition

A lire :

Site de soutien à Révérien Rurangwa

Révérien Rurangwa (né le 3 juin 1978) est un écrivain rwandais francophone. En avril 1994, lors du génocide des Tutsi au Rwanda, il fut grièvement blessé, mais fut en fin de compte le seul rescapé d’une famille de 44 personnes.

En 1996, de retour au Rwanda pour tenter de retrouver d’éventuels survivants de sa famille, il apprend que ses agresseurs, qu’il avait dénoncés auprès de la justice, sont toujours en liberté. Il reçoit plusieurs menaces de mort et est agressé dans la rue. Il s’est vu refuser ses nombreuses demandes d’asile auprès des autorités suisses.

Il a publié, en avril 2006, le livre , Génocidé.

L’ouvrage a été traduit en suédois et en japonais.

•• Message reçu par e-mail le 5 octobre 2010

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 6/10/2010

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